Elles se prolongent l'une l'autre, formant une sorte de V, et portent presque le même nom. Elles se nomment rue de la Cité et rue Haute-Cité.

Voilà deux rues typiques des vieux quartiers de Limoges. Maisons à colombages, voies pavées, bars, restaurants et boutiques : tout y invite à flâner, du printemps à l'automne surtout. À quelques mètres de la cathédrale, la rue de la Cité et la rue Haute-Cité font partie de ces vieilles rues qui étaient déjà là au Moyen-Âge.

Toutes deux portent presque le même nom et les Limougeauds souvent les confondent, tout comme ils confondent la rue Haute-Cité avec une place. Leurs noms leur viennent évidemment de leur ancienne appartenance à la Cité des évêques, l'une des deux Limoges d'avant la Révolution.

Allégeance. Le quartier tout entier est aujourd'hui touristique. Plus aucune trace ne subsiste de la muraille qui entourait la Cité jusqu'à la fin du XVIe siècle. Plus aucune porte ne ferme la rue de la Cité à son croisement avec le boulevard du même nom. Au Moyen Âge, il y a là la porte Scutari, une des principales portes d'entrée et de sortie de cette partie de la ville, devant laquelle les représentants de la Cité font, en cet été 1370, allégeance au roi de France. Quelques jours plus tard, les troupes du Prince de Galles, plus connu sous le nom de Prince Noir, mettent le siège devant la Cité, venant laver l'affront fait au roi d'Angleterre. Ce n'est pas le seul épisode de bataille dans la Cité.

En 1086, c'est la guerre entre le Château et la Cité. En 1105, l'église Saint-Genès, située dans le périmètre de la rue Haute-Cité et près de la chapelle Notre-Dame du Puy-en-Velay, est incendiée par des habitants du Château. L'église, des maisons, une partie de la cathédrale romane, partent en fumée.

Religieuses. Au début du XVIIe siècle, les Grandes Claires font leur apparition dans la haute Cité. Aujourd'hui, l'ancien couvent des Clarisses, reconstruit au XVIIIe siècle, est toujours là, occupé en partie par des logements sociaux.

La Révolution signe la fin de la dualité de la ville, qui s'est également exprimée pendant les guerres de religion, et la fin des trois municipalités (une dans le Château, une dans la Cité, une dans la paroisse Saint-Christophe) : il n'en restera qu'une. La rue de la Cité et la rue Haute-Cité, comme les autres rues de la Cité, font désormais partie des rues du Limoges unifié.

Nathalie Goursaud